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Collectifs militants & recherche (lecture, février 2025)

Ça fait des mois que j’ai en tête un billet un peu long et argumenté sur l’ouvrage Comment saboter un pipeline (qui n’explique pas du tout comment saboter un pipeline) mais manque de temps donc un billet très court pour signaler une brochure récemment mise en ligne qui ne s’adresse pas aux universitaires – c’est marqué en gras puis en gras et en majuscules page 17 : cette brochure ne se destine pas aux chercheur.ses mais à celles et ceux pouvant être étudié.es par elle.ux. NOUS REFUSONS QUE CE QUE NOUS ÉCRIVONS ICI SOIT RÉCUPÉRÉ PAR DES CHERCHEUR.SES UNIVERSITAIRES DANS LEURS ÉCRITS, INTERVIEWS, ARTICLES… QUELLE QU’EN SOIT LA SITUATION !

Loin de moi la volonté de récupérer quoi que ce soit mais encadrant régulièrement des étudiant·es travaillant sur des collectifs militants et ayant moi-même travaillé quelques temps sur des objets proches de mes aspirations politiques (Nuit debout, Bure), cette brochure intitulée n’étudiez pas les pauvres et les sans-pouvoirs, tout ce que vous direz sera utilisé contre elleux fera désormais partie des lectures recommandées tant elle montre de façon claire les dégâts que peut faire une recherche non éthique (non respect du consentement des personnes enquêté·es à leur insu, dissimulation de la démarche de la chercheuse).

La façon dont la brochure démonte un à un les arguments classiquement mobilisés pour justifier la recherche sur des collectifs militants est convaincante. Il est important de rappeler que « Les recherches universitaires ne répondent pas à une question ou un besoin posé par un collectif ou un groupe minorisé » (p. 51) et que « Le but de la recherche n’est pas de répondre à une interrogation, à un problème posé par le groupe de minorisé·es et pour lequel la recherche serait une aide. »

Ça ne m’empêchera pas, comme nombre de mes collègues, de continuer à travailler sur des collectifs militants – même si j’ai quitté ma zone de confort idéologique depuis quelques années – en essayant d’avoir une démarche aussi éthique que possible mais il est toujours bon d’avoir en tête qu’il n’est pas souhaitable que le discours universitaire soit quasiment le seul à produire un discours durable sur les luttes (voir la remarque en conclusion sur l’âgisme des » milieux autonomes-queer-féministes-squat-extrême gauche »).

Chaudement recommandé donc.

Un grand merci à Édouard Ledoux et à Erell Taranne d’avoir attiré mon attention sur cette brochure.

Aubervilliers, 6 mars 2025

Antifas, punks, écolos, libertaires, féministes & j’en oublie (lectures, janvier 2025)

Lectures en vrac issues pour l’essentiel d’une visite fin décembre à Publico (Paris 11). Certaines des publications évoquées ici peuvent être difficiles à trouver (bon courage pour trouver Pas gentille en dehors du triangle Annecy-Genève-Lyon), d’autres datent un peu. Et je n’ai pas eu le temps de lire le dernier Nunatak qui vient tout juste de sortir – ce sera pour une prochaine fois.

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Retours à Notre-Dame-des-Landes (lectures, décembre 2024)

Je l’ai déjà écrit, j’ai à peine connu NDDL. J’ai lu tout ce que je pouvais trouver dessus, j’ai fréquenté des gentes qui y avaient vécu, qui y étaient passé parfois, souvent. J’y étais le 10 février 2018 pour la “fête de la victoire” faisant suite à l’abandon du projet d’aéroport. Je garde des souvenirs très précis de cette journée et ces souvenirs expliquent comment j’ai reçu un livre et un documentaire récent.

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Spéciale fafs (lectures, novembre 2024)

Une spéciale extrême-droite pour terminer l’année. Et je préfère continuer à ne rien écrire sur la dernière « séquence électorale » (ah que ce terme journalistique me hérisse le poil…) où mon petit milieu professionnel à haut capital culturel a fait preuve d’un racisme de classe à toute épreuve qui m’a rappelé les gilets jaunes.

L’intérêt des vieux bouquins (années 1970, début des années 1980), c’est d’une part qu’on les trouve assez facilement en ligne et d’autre part qu’ils apportent des éclairages sur une époque où l’extrême-droite est crépusculaire, mais où le nazi-porn se porte à merveille, et où le pari de Jean-Marie Le Pen est loin d’être gagné. Concurrencé tant par le PFN (Parti des forces nouvelles, porté disparu depuis) que par Jean Royer, maire de Tours et spécialiste des croisades morales anti-porno, il faut attendre l’élection municipale à Dreux en 1983 et surtout le formidable coup de pouce de Mitterrand et le passage à L’heure de vérité en 1984 pour que le grand public découvre Le Pen père et son talent oratoire.

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Se souvenir des luttes, manger les riches, tacler l’hétéroféminisme (lectures, octobre 2024)

Depuis des années, je suis étonné par la difficulté des militant·es – quelle que soit la cause – à connaître et à s’inspirer des luttes passées. Si Act-Up Paris a su au début des années 1990 marquer son temps, c’est évidemment en raison de l’urgence de la situation pour les personnes touchées par le sida, c’est aussi me semble-t-il parce que les trois créateurs ont pris le temps de s’intéresser aux répertoires d’actions de luttes autres (voir le beau témoignage de Didier Lestrade, Act-Up Une histoire paru chez Denoël en 2000 et réédité en 2017 après la sortie de 120 battements par minute).

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Manifestations, émeutes & sabotage (lectures, septembre 2024)

La manifestation, à défaut d’être toujours utile, est un objet d’étude tout à fait passionnant. Le livre collectif dirigé par le politiste Pierre Favre, sorti en 1990, est a priori l’un des premiers ouvrages francophones de science sociale se penchant sur cet objet et il mêle contributions d’historien·nes, de politistes et de sociologues. Les pistes ouvertes et travaillées sont multiples, de la gestion politique et policière des manifestations à l’invention des services d’ordre, de l’histoire des parcours à l’évolution du droit.

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Wikipédia, fafs, SS & Cie (lectures, août 2024)

Wikipédia est un objet parfois utile, qui offre de multiples possibilités d’analyse et qui, un peu comme Twitter/X, propose des contenus souvent consternants. Son choix éditorial assumé est la non création de toute information originale, il s’agit en effet d’une compilation de données sourcées, de préférence dans les médias dominants. Comme l’écrivait Marie-Noëlle Doutreix dans sa thèse en 2018, « il s’agit de retraiter l’information déjà publiée sans « faire du terrain ». Or l’interdiction de travail à caractère inédit dans Wikipédia empêche les wikipédiens d’effectuer des recherches empiriques pour les restreindre à la compilation d’informations ou de connaissances révélées par d’autres. » (p. 38).

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Insubordinations, treillis et luttes pour l’An demain (lectures, juillet 2024)

Les éditions universitaires, j’ai plutôt tendance à les considérer comme des reliques dispensables du siècle passé. Tirages confidentiels, tarifs prohibitifs, ces ouvrages ont pour seule clientèle les bibliothèques, universitaires elles aussi. Bien entendu, cet a priori est en partie lié à mon ancrage disciplinaire : il n’est pas attendu d’un ou d’une géographe qu’iel valorise sa thèse dans un ouvrage, ce qui semble rester le cas en sociologie ou en histoire. Mais, quand je sors de la bibliothèque du campus Condorcet le mois dernier en ayant emprunté six livres, le fait que trois soient parus aux Presses universitaires de Rennes indique que oui, certaines éditions universitaires tiennent la route et proposent un riche catalogue.

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“Activisme violent”, conspirations et société industrielle (lectures, juin 2024)

La lecture des rapports parlementaires ne fait pas partie de mes activités habituelles mais comment rater celui de novembre 2023 consacré à “l’activisme violent” ? Certes, x pages peuvent faire grincer des dents, que ce soit l’introduction (“le recours à la violence comme moyen d’expression politique ne peut être toléré”, oubliez les suffragettes, mai 1968, Plogoff, NDDL, etc. etc.) ou, pire encore, certaines des propositions listées à la fin du rapport. Les auteurs parfois s’étonnent : “cachés derrière des masques, des vêtements noirs, ou encore fondus dans la foule, les activistes sont parfois peu disposés à être interpellés” (p. 35). Malgré le ton général, il y a tout de même une poignée d’informations utiles à piocher dans ce rapport concernant les ultras (gauche et droite) et les “environnementalistes violents” – l’islamisme radical n’est pas considéré.

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Luttes, flicages & champignons (lectures, mai 2024)

Il y a des périodes où je lis beaucoup. Parfois de la science-fiction, parfois des romancières contemporaines, parfois de l’histoire, parfois des essais politiques. En ce moment, je lis un peu tout et n’importe quoi en essayant de varier les sujets et les disciplines et surtout de lire le moins possible de façon utilitaire – j’y reviendrai bien assez vite le jour où je reprendrai le chemin de l’HDR (non, je n’ai pas encore complétement abandonné ce projet…).

Luttes

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Retour sur zones

En 2023, un collègue me propose d’écrire un chapitre sur les zad pour un ouvrage collectif à paraître chez un éditeur privé. Ayant eu une première expérience peu concluante avec l’éditeur en question, n’ayant pas fait de terrain sur zone depuis février 2018 et n’ayant fourni aucun travail sur le sujet depuis 2019, je décline la proposition.

Début mars 2024, je reçois un mail d’un collègue de Paris 13, collègue que je ne pense jamais avoir rencontré. Il me propose d’écrire une notice ZAD dans un dictionnaire à paraître aux éditions du CNRS (version papier payante et version librement accessible en ligne). Je lis le descriptif du projet, les consignes aux auteurs et autrices et accepte le lendemain. J’ai trois mois pour écrire 10 000 signes maximum, espaces compris.

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En route vers l’HDR (s02, e01)

Résumé des épisodes précédents

Mars 2020, premier confinement, coincé dans notre appartement parisien avec femme et enfant. Les dynamiques collectives étant à peu près au point mort (j’ai essayé la visio, je n’ai pas su faire), je me dis, tiens, si j’en profitais pour faire mon HDR. Mars 2021, j’ai rédigé le parcours, j’ai lu x articles, rapports et ouvrages pour le volume inédit. Fin avril 2021, je range le tout dans un dossier et j’explique que ça ne va pas être possible (cf le billet Sortie de route).

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Les scènes musicales identitaires en France. Un état des lieux (2010-2022)

Ceci est un texte préparé pour le colloque 1922-2022 : que reste-t-il du fascisme ?, qui s’est tenu à Toulouse les 13 et 14 octobre 2022. Il simplifie volontairement nombre d’aspects évoqués.

Merci aux organisatrices de ce colloque d’avoir accepté ma communication. Merci également à Gérôme Guibert d’avoir soufflé mon nom à l’une d’entre vous. Je suis géographe, chargé de recherche au CNRS depuis 2014 et membre de l’UMR Géographie-cités depuis 2019. L’une de mes thématiques de recherche est la géographie des scènes musicales et notamment celle des scènes musicales que j’appelle identitaires – je reviendrai sur le choix des termes utilisés dans une poignée de minutes.

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En route vers l’HDR ? Sortie de route

Lorsque j’ai entamé ce carnet de recherche, l’un de mes objectifs était de montrer une recherche en train de se faire. Montrer comment à partir d’une envie, d’une intuition, de quelques données, on construit peu à peu un objet de recherche avant de parvenir, si tout se passe bien, au stade de l’article dans une revue à comité de lecture. Je ne pensais pas avoir à présenter une recherche en train de se défaire et c’est pourtant le cas dans ce billet.

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En route vers l’HDR ? S01E07 – Dépression & domination

Si je n’avais pas une poignée d’étudiant.es qui soutiennent leurs mémoires dans une semaine, si je n’étais pas co-organisateur d’un colloque en ligne qui a lieu de mercredi à vendredi et où je suis censé animer je ne sais combien de sessions mortifères en ligne, si je n’avais pas une réunion pédagogique la semaine prochaine et je ne sais combien d’autres trucs encore, bref, si je pouvais en ce moment faire passer ma santé mentale avant mon travail, je ne serai pas devant un écran à taper ces bêtises, je serai dans mon verger en Meuse à tailler des ronces et des aubépines. Il y a des périodes où on sait à peu près ce qu’on fait, où le travail avance bien, et parfois même, on en est un peu satisfait ; il y a des périodes où ça va moins bien. Ce qui suit est écrit dans une période où ça va moyen moins (euphémisme). Il est donc tout à fait possible que j’exagère. Que je sois hyper-sensible ces temps-ci et que je vois le mal partout. Peut-être. Je n’en suis pas certain. Une collègue ingénieure – que je ne citerai pas pour ne pas risquer de lui nuire mais qui se reconnaîtra aisément – avec qui j’en parlais récemment avait elle aussi tout un tas d’anecdotes sur le sujet. Donc ce billet ne parle pas d’HDR mais de ce qui me heurte ces temps-ci dans le monde de l’ESR.

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